Du Valgaudemar à l’assaut de l’Olan par le refuge Font Turbat


Récit un peu décalé…

Jour 1:

Après avoir dressé nos plans 2 jours plus tôt autour d’une pinte de bière, nous rejoignons donc le Valgaudemar, une vallée bien sauvage des Ecrins et fort encaissé si bien que Gaston la surnommait l’Himalaya français – et il est vrai que cette vallée a un peu des airs de vallée du bout du monde comme celles qu’il avait croisé en Asie.

Le Valgaudemar

Nous nous arrêtons à la Chapelle (en Valgaudemar), enfin, emporté par notre olan, la pause tourtons qui pouvait s’imposer se transforme en « ça sera pour le retour »… détail insignifiant qui pouvait rétrospectivement en dire long sur notre esprit insouciant quand aux aléas susceptibles de menacer notre aventure.

Bref, nous montons d’un bon pas les zig-zags s’étalant depuis la cascade de Combefroide pour en remonter le vivifiant torrent du Clot, où nous quittons alors l’itinéraire du Pas pour rejoindre par une montée ardue le col Turbat : nous cheminons à vue et souvent au plus raide, aiguillés par quelques cairns et surtout par les reliques d’épaves d’avions qui s’étaient écrasés en 1985 en se prenant l’Olan. Après avoir rejoint un bon ébouli, on butte sur un cirque rocheux que l’on doit franchir : l’accès au col Turbat est bien caché et se découvre au dernier moment. C’est Raf qui rejoint en premier cette jolie cheminée secrète. Une fois hissés au sommet de l’arête culminant à 2679m, nos estomacs crient famine et malgré les nuages s’amoncelant, nous cassons la croûte au-dessus des barres rocheuses terminant le festin par de bons croquants à la noix.La descente qui s’en suit demanda toutes les attentions, pour ne pas envoyer trop de pierres sur son camarade, ou pour crier Pierre lorsque c’était trop tard, sur des sentes tenant plus des chamois mais tout de même bien signalées. Bon an, mal an, nous sommes parvenus à rejoindre le gros pierrier du Cros de la Vache et grâce à un azimut plus ou moins réussi, nous franchissons la rivière la Bonne et accédons à l’authentique refuge de Font Turbat, accueilli par Manu.

Bien sûr, nous nous y désaltérons. Mais surtout nous revenons vite à notre but, à savoir l’ascension de l’Olan.
Nous passons le restant de l’après-midi à éplucher les topos et parfaire nos préparatifs.

Le repas du soir est vite avalé, il faut dire que nous étions affamés.

Entre temps nous avait rejoint à notre tablée Cédric le briançonnais et son acolyte venu du Nord, également pour gravir le sommet. La gardienne nous explicita à l’aide de précis clichés l’ensemble de la chevauchée pour parvenir à la fois au sommet mais aussi à en redescendre car cet épisode de l’aventure est – on l’a déjà vu – souvent négligé.

Il ne nous reste plus qu’à régler notre hôte : geste ô combien sacrilège et prémonitoire, certains dont je fais partie établirent leur paiement au Désert plutôt qu’à l’Olan.

Avant de sombrer dans un sommeil plus ou moins, nous assistons au spectacle au coucher du soleil : la vallée puis l’Olan s’embrase.

Cascade de CombeFroide

Le Valgaudemar, le Pays des cascades

Montée au col Turbat

Reste d’avion en montant au col Turbat

Col Turbat en vue ou presque

Cheminée Turbat

Descente du Col Turbat

Où va-t-on descendre

Les arêtes au col Turbat

Manu pose devant l’Olan

La descente qu’on a faite

L’Olan avant l’orage

Jour 2 :

Après un lever à 3h du mat, et un petit dej vite avalé, nous voilà déjà parti en pleine nuit :d’abord remonter au gros pierrier, puis contourner la cascade afin de rejoindre le lac des Pissoux ou plutôt la flaque qu’il en reste, au milieu d’un champ de cailloux gelés.

Après un infâme pierrier (car les pierres débaroulaient), nous nous hissons sur les premiers rochers en direction de l’Olan. Mais au niveau de la brèche, nous voilà confronter aux courroux du ciel qui depuis le début menaçait (enfin, en pleine nuit, nous ne pouvions que supposer) : s’abattit sur nous un orage court mais intense, accompagné de grelons. Heureusement, par nos casques, nous étions protégés… mais le rocher en fut trempé.

Ils nous fallu parlementer : les uns voulaient s’en retourner, les autres espéraient que l’orage allait se détourner.

Mais rien n’y fit, le ciel, toujours plus menaçant, avait gagné.

Las, nous nous résolvons à abdiquer, mais avant de partir, jetons un oeil au-dessus de cette brèche de l’Olan. Justement un chamois paradait sur le glacier.

Déjà nos pieds s’étaient résignés et nous redescendaient. Mais c’est alors que le ciel se découvrait en son sommet !

Trop tard, la matinée avançait : déjà 9h et la traversée aurait été trop incertaine, pas sûr d’arriver avant la nuit tombée… ou le prochain orage. Il nous faudrait donc bien revenir.

Revenu au refuge, il fallu s’organiser car rejoindre le Valgaudemar n’était pas chose aisée : mes compagnons profitèrent d’un départ sur le champ pour rejoindre la Vallée du Valjouffrey et être convoyés à l’entrée du Valgaudemar afin d’y récupérer leur carrosse.

Quand à moi, je profita de la journée pour me reposer : faire la sieste ensoleillée, lire des ouvrages d’expérimentés (A l’assaut du Khili-Khili manuscrit que je conseille pour vous préparer au mieux à affronter les sommets) et finir par quelques enjambés sur de jolis rochers et dalles de granites.

Le ciel est chargé

Glacier des Selettes depuis la Brêche de l’Olan

Jour 3 :

Le lendemain, il me fallait déjà rejoindre la plaine grenobloise.

Je mis de côté l’option d’un retour par Col Turbat car elle nécessitait de franchir de nombreux cols élevés : c’est pourtant le choix que firent Vincent et sa compagne, rencontrés la dernière soirée.

Pour changer d’une classique descente du vallon de la Bonne, je pris donc le parti de rejoindre le Petit et le Grand Vallon, et je ne fus pas déçu du voyage loin s’en faut. L’itinéraire peu balisé franchissait de splendides et accueillants pierriers, et des brèches au travers d’imposantes arêtes.

Bientôt, je fus dans le Grand Vallon d’où je devais trouver la sortie. De ce que je savais, il me fallait croiser un ruisseau, les ruines d’une cabane abandonnée et une cascade. Trouvant tout de même quelques cairns caractéristiques et bien placés ( au nombre de 4), je suivais surtout les herbes couchées pour en déduire le chemin qui me permettrait de m’échapper. Ici, l’Homme n’y mettait pas souvent le pied, mais je trouvais tout de même un passage qui à coup sûr avait été dégagé par la main de l’Homme, afin d’accéder à un ruisseau puis finalement à la cascade que je franchis par une astucieuse vire.

Je rejoins alors sans encombre le chemin classique pour parvenir au Désert.

Alors que j’avais parcouru le village pour trouver un moyen d’en repartir (c’est là que je découvris qu’une navette passait le lundi, et justement nous étions lundi !), à peine le temps de me poser que je vis arriver Vincent et sa moitié. Ils me proposèrent de me ramener jusqu’à Clelles car ils s’en retournaient dans le Diois.

Nous fîmes une étape bien méritée dans le plan d’eau du Valbaunais. Enfin, cette étape allait tout de même nous retarder, si bien que le train me passa sous le nez.

Heureusement le prochain existait, et j’en profite alors pour aller me ravitailler en fromages à la laiterie du Mont Aiguille. Mont aiguille que je pouvais bien admirer.

Un air d’Olan (plus facile à gravir)

Ce n’est que partie remise. On l’aura !

Où aller :

  • Les tourtons du Valgau : en arrivant, juste après l’église et passer le pont, les tourtons sont là devant le portail (sinon, il faut sonner !)
  • La cascade de CombeFroide : idéale pour se laver en plein été (suivant le courant bien sûr), peu après la sortie du village, le sentier démarre au pied d’une stèle
  • Le refuge de Font Turbat : www.refuge-font-turbat.com/
  • L’Olan si vous le pouvez !
  • Petit et Grand Vallon en hors sentier
  • La gare de Clelles : encore desservie par un train (pour combien de temps…) balades à faire, voir les itinéraires affichés sur la gare
  • Laiterie du Mont Aiguille : Bons fromages et vue sur le Mont Aiguille www.fromagerie-mont-aiguille.fr/

A lire :

A l’assaut du Khili-Khili

Idées de Randonnées sans voiture :

  • Tour Turbat : Jour 1 : Désert->Font Turbat – Jour 2 : Font Turbat->Refuge des Souffles par le col Turbat – Jour 3 : Refuge des Souffles->Le Désert par le col de Vaurze
  • Du Valgaudemar à l’Oisans : GR54 par Valjouffrey, Valsenestre et le Lauvitel ou la Muzelle (3-5 jours)
  • Du Valgademar au Vénéon : Jour 1 : Valgaudemar->Font Turbat – Jour 2 : Font Turbat->Refuge de la Lavey par la brèche de l’Olan (matériel d’alpi recommandé) – Jour 3 : Refuge de la Lavey->La Ville St Christophe en Oisans