Un avenir pour les déchets à Dharamsala


Dharamsala, importante cité des tibétains réfugiés en Inde fuyant le Tibet pour un avenir meilleur, est une ville active et tournée vers l’avenir grâce au dynamisme de la communauté tibétaine. Ici, les changements sont en marche !
Si les projets sont nombreux en matière d’aides sociales pour venir en aide à la population tibétaine (éducation, repas,…), on trouve également différents projets en faveur de la protection de l’environnement.
Vers une bonne gestion des
déchets
En premier lieu,
comme dans l’ensemble de l’Inde, le défi est grand concernant la prise en
compte des déchets, qui peuplent également la ville, les villages alentours
tout comme les montagnes, d’autant que le caractère particulier de cette cité
qui abrite en plus le temple du Dalai Lama en font une destination privilégiée
pour les touristes de toute la planète.
La cité ne fait
donc pas exception aux problèmes liés aux déchets qui se retrouvent bien
souvent en pleine rue ou en pleine nature.

Mais de nombreux
efforts sont faits actuellement pour les prendre en compte, de la part de
l’administration de la ville comme des organisations associatives.
Ainsi, on trouve des poubelles et des bennes à ordure dans la ville. Les
bennes à ordure sont normalement collectées régulièrement permettant de réduire
la quantité de déchets disséminés en plein air. (Bien que les singes ont
parfois un malin plaisir à réduire à néant ces efforts)
Mais grâce à la mobilisation d’associations tibétaines et indiennes, cela
va plus loin.
Les waste warriors, champions des déchets en toute simplicité
Ainsi, l’ONG des Wastes Warriors s’est donnée pour mission de récupérer un
maximum de déchets en ville comme en montagne, et de les valoriser.

D’une part, ils effectuent régulièrement des nettoyages en montagne avec
l’aide de bénévoles, en particulier sur les sentiers et sites naturels à
proximité de Dharamsala, très fréquentés par les touristes et qui voient donc
arriver des déchets en nombre important.
Par exemple, sur le sentier de la randonnée la plus fréquentée menant à Triund,
à 4 heures de marche de Dharamsala, le marcheur est étonné de voir si peu de
déchets.

Afin d’y parvenir, comme intervenir à postériori pour réparer les dégâts ne
suffit pas, l’association a mis en place son propre système de collecte des déchets :
elle a installé sur les lieux stratégiques du sentier (à proximité des
commerces de nourriture et boissons notamment) des poubelles bien visibles avec
des sacs qui sont descendus régulièrement vers la ville, à dos d’âne ou cheval.
Ces sacs sont ensuite récupérés au local de l’association et leur contenu
est trié, reconditionné pour être lorsque c’est possible recycler (suivant le
type de déchets).
Si les actions des Waste Warriors se cantonnaient à l’origine au milieu
montagne, ils investissent désormais les villages, souvent encore dépourvus de système
de collecte de déchets.

La collecte s’organise de manière assez simple, gérée par un membre de
l’association ou déléguée à un groupe d’habitants du village. Afin de la mettre
en place, une équipe de waste warriors se rend dans le village et fait la
tournée de l’ensemble des maisons afin d’y rencontrer les habitants et de leur
proposer de se joindre aux autres participants à la collecte des déchets. S’ils
acceptent, les propriétaires se voient remettre un grand sac pour y jeter leurs
déchets (sauf les déchets organiques qui peuvent être décomposés chez eux en
pleine nature), qui sera collecté une fois par semaine, en échange d’une
modeste contribution (quelques centaines de roupies par mois), permettant de
financer la collecte (l’argent étant reversé aux personnes collectant les sacs)
Nettoyages et sensibilisation
Une autre initiative est portée par l’association caritative Lha qui vient
en aide aux réfugiés tibétains (elle offre notamment des cours de langues, distribue
des repas bon marché).
L’association propose depuis un an aux personnes qui bénéficient de ses
services de participer à des actions de nettoyage des déchets en ville (une
fois par mois environ). Sur une matinée, ces volontaires, armés de gants,
masques et sacs de collecte, nettoient un périmètre défini, permettant à un
quartier ou à un coin de nature de retrouver sa vraie nature. La matinée se
conclue par un partage du repas. Cette action est d’autant plus intéressante
qu’elle permet de sensibiliser les étudiants (souvent jeunes) à cette
problématique environnementale, on peut donc penser que ces étudiants seront
mieux à même de jouer dans l’avenir le rôle d’ambassadeur du changement
pour  la prise en compte des défis
environnementaux.
Le projet Clean
Upper Dharamsala Project (CUDP) est plus général et plus important et gère la
collecte des déchets et effectuent des nettoyages dans Dharamsala. Ils
récupèrent les déchets et les achemine vers un centre de traitement (les
déchets étant normalement en partie triés). Une partie des déchets sont alors
recyclés par l’association afin de fabriquer toute forme d’objets artisanaux,
principalement à base de papier et carton recyclé.
Des actions plus ponctuelles de nettoyage sont organisées régulièrement,
par exemple à l’occasion de la journée mondiale de la Terre.
D’autres initiatives plus modestes font aussi la différence même si elles
méritent d’être développées et d’être mieux connues du public : ainsi,
afin de limiter l’achat de bouteilles en plastique, on peut acheter dans
certains lieux de l’eau potable fournie par des purificateurs d’eau, permettant
de remplir sa bouteille à moindre frais.
Gérer les ressources en eau, un autre défi
Si la préoccupation des déchets ne fait que commencer, la ville doit faire face comme ailleurs à un autre problème environnemental : une gestion de l’eau particulièrement difficile, compte tenu du fort développement de sa population, des ressources disponibles et des infrastructures existantes souvent insuffisantes. Les réseaux de tuyaux et canalisations d’eau sont sous-dimensionnés, souvent vétustes et installés de façon anarchique. L’eau est polluée par les déchets encore bien présents, qui finissent le plus souvent leur longue vie dans les cours d’eau.
A l’échelle du pays, les problèmes d’accès à l’eau font l’objet de tensions entre l’Inde, la Chine et le Népal, et sont également une des clés du conflit au Tibet, qui dispose d’importantes ressources en eau que les chinois veulent exploiter, au détriment du Tibet et des pays voisin (des barrages sont en projet).

Journée de la Terre à l’entrée du temple du Dalai Lama


Photos Jérémie Gabrien / Vincent Martin